Les jumeaux ont toujours été vus d’une certaine façon dans notre société. Des enfants, pas comme les autres ! La tradition africaine, béninoise notamment, nous enseigne que la naissance de jumeaux dans une famille est le présage de bonnes nouvelles. Pour certains, ils représentent des dieux, ils sont vénérés, priés.
Ce qu’elle ne nous enseigne pas en revanche, c’est la « malédiction » qui semble toujours arrimée aux jumeaux. Bien souvent, les rapports conflictuels entre jumeaux peuvent miner leur relation. Je suis jumelle, je sais de quoi je parle !
C’est parfois une relation toxique qui se développe avec un dynamique de dominant-dominé, qui peut être exacerbée par l’entourage à travers des comparaisons répétées sur leurs différences. Cela peut renforcer le sentiment d’infériorité chez le dominé et augmenter l’égo chez le dominant, entraînant une dégradation de la relation avec le temps et potentiellement causer des drames.
C’est aussi un peu le premier facteur de ce drame que nous raconte Damienne HOUEHOUGBE dans son roman « A Moitié Coupable« . Une histoire que j’ai pris énormément plaisir à lire et relire à plusieurs reprises. Vous savez pourquoi ? Parce qu’au-delà de traiter de sujets pertinents, comme le viol et le détournement de mineur qui sont des maux qui minent notre société, « A Moitié Coupable », c’est le suspens garanti !
A Moitié Coupable : de l’amour à la tragédie !
L’histoire commence avec ces deux êtres, foncièrement uniques et différents mais à jamais liés. D’un côté, Yves, droit, songé, tendre, sensible, scrupuleux et raisonnable. Le portrait-type du bon garçon, charmant et humble. De l’autre côté, Yvon, intelligent mais mauvais garçon. Narcissique, rustre, indélicat, égocentrique ; le mélange parfait pour une canaille sans scrupules. Et ils sont frères, mieux encore, ils sont monozygotes (vrais jumeaux).
Un contraste inquiétant entre deux personnages supposés liés par un lien gémellaire indéfectible.
Dominé par son frère jumeau, Yves mal-aimé et méprisé était pour ainsi dire, le « vilain petit canard » de la famille. Il témoignait néanmoins à l’égard de son frère, une affection profonde et inconditionnelle, caractéristique des jumeaux.
Il nourrissait secrètement l’espoir, un mince espoir…qu’un jour son amour lui reviendrait.
Lisez la présentation officielle de Notes Essentielles – Damienne HOUEHOUGBE ici
Puis vint ce jour ! Sous la forme d’un service innocent, d’une mission « plutôt flatteuse » pour Yves qui donna tout pour contenter son frère.
Une première mauvaise décision ? Si Yves avait pu deviner la tournure que prendrait ce « service innocent », peut-être y aurait-il réfléchi à deux fois avant de s’impliquer dans cette histoire.
Du « vilain petit canard » de la famille à l »être le plus important », Yves passa d’un statut à l’autre en moins de 24h. Qui l’aurait cru ? Même lui en était bouleversé. Si cette histoire terrible ne s’était pas produite, Yves aurait certainement profiter pleinement de cet intérêt soudain que lui accordait sa famille. Mais une histoire de viol n’est visiblement pas l’idéal…
Une histoire de viol, de mensonges et de demi- vérités… Yves, témoin clé de cette histoire, doit faire un choix.
Parce que si sa famille attend de lui qu’il protège son criminel de frère, la victime compte également sur lui pour lui rendre justice. Grand dilemme que voici !
Doit-il dire la vérité et envoyer son frère en prison ou mentir et causer du tort à la victime ? Mais au fond, était-ce un dilemme ? Du moins pour Yves, en était-ce vraiment un ?
« A Moitié Coupable », c’est le récit émouvant d’un viol sur mineure, le fruit de l’imagination débordante d’une femme aux multiples facettes. Avec une plume jeune et acérée, Damienne HOUEHOUGBE nous raconte une histoire des plus douloureuses, malheureusement vécue par des millions de jeunes femmes dans le monde entier. Des crimes qui pour la plupart ne sont pas dénoncés et dont les coupables restent impunis.
Elle nous embarque également dans l’univers complexe et passionnant du milieu judiciaire. Habib DAKPOGAN disait et à juste titre dans la préface que :
« C’est ce qui fait tout l’intérêt de cet ouvrage qui présente pour la première fois dans la littérature béninoise, le déroulement complet et surtout crédible d’un procès de mœurs. Le lecteur apprend la procédure, les coups et les triomphes du milieu judiciaire. Il confirme la rouerie, le mensonge et se confronte à la force des liens du sang. Ce livre est la peinture en papier d’une savante jonction de l’utile à l’agréable.”
Découvrez « A moitié Coupable » réédité aux Editions J’aime.
Bonne lecture !
Julie SINGBO
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